NAR: A propos des résultats du second tour des élections législatives en France

Nouveau Courant de Gauche pour la Libération Communiste:
A propos des résultats du second tour
des élections législatives en France
La France, pays du G7 et autre pilier de l'UE avec l'Allemagne, traverse une phase de crise politique. Cette crise est la conséquence de la crise du capitalisme français, de son intolérance au nouvel environnement de concurrence exacerbée, de son recul en Afrique. L'extrême droite de Le Pen - un courant politique historique qui revendique le pouvoir depuis des décennies en France - a intégré une grande partie de la droite gauloise, et a conquis la place comme représentatrice institutionnelle de toute la droite en tant que force de gouvernement qui garantit déjà la poursuite des mêmes politiques antipopulaires et le renforcement des objectifs principaux de la bourgeoisie. Le Pen ne suscite aucune "crainte pour la démocratie bourgeoise", elle devient la régulatrice du virage réactionnaire global et de l'armement contre le peuple ennemi, elle garantit finalement la "stabilité" systémique en général, comme Meloni en Italie qui, de secrétaire des Jeunesses fascistes, est aujourd'hui "un pilier de la structure de l'Union européenne".
Au second tour, les tactiques électorales des partis bourgeois et du Nouveau Front Populaire ont empêché la domination parlementaire de l'extrême droite, qui, bien qu'elle soit restée en tête des votes au niveau national, est arrivée en troisième position en termes de sièges, derrière le Nouveau Front Populaire et le parti de Macron, qui, grâce à l'accord électoral avec le NPL, a échappé à la défaite écrasante qui se profilait au premier tour.
De larges sections de la classe ouvrière, la majorité des jeunes, les immigrés ayant le droit de vote, les citoyens des domaines et des colonies et de nombreuses personnes ayant une sensibilité démocratique se sentent soulagées que l'extrême droite n'ait pas réussi à prendre le relais de l'extrême centre de Macron et à faire avancer la politique antipopulaire de ces dernières années en la teintant encore plus avec les caractéristiques du racisme, du nationalisme, de l'extrême conservatisme et de l'anti-communisme. C'est une victoire de la mobilisation populaire, des Gilets jaunes, des grévistes contre le démantèlement de la sécurité sociale, de la jeunesse des banlieues qui se révolte contre la répression, des étudiants qui défendent l'éducation publique, des marginaux du travail flexible et du chômage, des insurgés de Nouvelle-Calédonie et de Guadalupe.
Cependant, comme le montre la réalité, les fronts électoraux répétés de la gauche réformiste avec les puissances de la bourgeoisie, en combinaison avec les accords électoraux au second tour avec les partis de l'extrême centre et de la droite traditionnelle, non seulement n'arrêtent pas mais attisent l'influence de l'extrême droite, qui porte le masque d'une force antisystème qui se bat contre tout. L’augmentation des voix du parti de Le Pen plus que deux fois par rapport aux élections législatives de 2022 et sa pénétration dans les classes populaires, malgré l'abandon de ses promesses les plus pro-populaires, ne laissent pas de place à la célébration.
De plus, dans le camp du Nouveau Front Populaire lui-même, les vrais gagneurs sont les forces systémiques des Socialistes et des Verts, qui, avec le PC, ont gouverné en promouvant des politiques anti-ouvrières et en soutenant l'impérialisme français dans l'UE et dans le monde. Ils ont considérablement augmenté leurs sièges par rapport à 2022, tandis que la France Insumise a vu ses sièges diminuer. Avec le sauvetage parlementaire des macronistes au second tour, tout indique qu'une reconstitution de l'espace (extrême) centriste sera tentée. Les forces politiques du NFP, celles-là mêmes qui avaient formé le front NUPES lors des précédentes élections législatives (qui s'était dissous dès le premier jour de son entrée dans le parlement sortant, face à l'impasse d'un accord sans principes et sans contenu) s'orientent vers l'intégration et l'absorption des secousses sociales.
Mais aucune "géométrie politique" ne semble pour l'instant capable d'apporter une solution à la crise politique en France, ce qui inquiète la classe dirigeante, car un gouvernement fort est une condition préalable à la poursuite et au succès de son attaque contre les travailleurs et les classes populaires. La gauche anticapitaliste en France, qui a maintenu son indépendance politique pendant des décennies et qui est bien liée à la classe ouvrière, à la jeunesse et aux couches marginalisées des villes et des colonies, est une puissance politique qui a soutenu toutes les luttes sociales, bien au-delà des négociations parlementaires et des compromis de la gauche institutionnelle et des syndicats bureaucratiques. C'est sa présence qui a essayé de donner un débouché politique à l'expression de la colère populaire, et le maintien de son indépendance est nécessaire pour transformer la colère en une lutte organisée qui se posera le seul véritable danger pour le système.
La crise politique va se poursuivre à l'approche des élections présidentielles. Elle fait partie de la crise moderne de l'Europe, de la résistance et de la réaction à la barbarie capitaliste moderne. Dans ces conditions, l'essentiel est que le peuple qui se bat, la classe ouvrière de France, les pauvres des banlieues, dont les mouvements de ces dernières années ont ébranlé les partis piliers de la bourgeoisie (socialistes, républicains, macronistes), y apposent leur marque. Pour les forces de la gauche communiste anticapitaliste, l'enjeu n'est pas un front "anti-droite" en alliance avec les forces bourgeoises. Notre objectif est un front de lutte ouvrière contre les partis, les institutions et les gouvernements de la politique bourgeoise dans son ensemble, conscient que l'extrême droite est une forme importante de son agression contre les classes ouvrières et populaires. Avec une gauche moderne, anticapitaliste, communiste, indépendante et subversive, étroitement liée au monde du travail, développant un pôle ouvrier indépendant de la politique bourgeoise, qui exprimera les intérêts de la majorité des travailleurs, barrera la route à l'extrême droite et démolira les partis bourgeois chancelants, piliers du système.
Nouveau Courant de Gauche pour la Libération Communiste, July 2024